Monsanto

undefinedMonsanto. Vers un biototalitarisme à coups d’OGM, de brevets et de conflits d’intérêts dans les instances de décision.

Sur Arte vient tout juste de finir le documentaire réalisé par Marie-Monique Robin, Le monde selon Monsanto - De la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien.
Le livre écrit par la même journaliste et portant le même titre est sorti le 6 mars aux Editions La Découverte .

Monsanto, multinationale leader mondial en matière d’OGM, est aussi l’une des firmes qui polluent le plus au monde, si on pense à quelques-uns de ses produits tels le PCB, l’agent orange, les hormones de croissance, les pesticides…

Documentaire de Marie-Monique Robin
(France, 2007, 1h48mn)
Coproduction : ARTE France, Image et Compagnie, Productions Thalie, Office National du film du Canada, WDR

"Je n’ai jamais vu une société qui ait une influence aussi déterminante et à un niveau aussi élevé sur les autorités gouvernementales en charge de la réglementation que Monsanto avec ses OGM."
(l’essayiste Jeremy Rifkin)

Monsanto, multinationale américaine née en 1901 à Saint-Louis, dans le Missouri, et d’abord spécialisée dans l’industrie chimique, est devenue en un peu plus d’un siècle le leader mondial des biotechnologies, en particulier sur le marché des organismes génétiquement modifiés (OGM). Elle détient les brevets de 90 % du maïs, du soja, du colza, ou du coton transgéniques cultivés dans le monde. Par le biais de rachats successifs, elle est en train de devenir le premier semencier de la planète et à terme, c’est la chaîne alimentaire toute entière qu’elle pourrait contrôler. Mais c’est d’abord avec le Round Up, son herbicide "total" (longtemps estampillé "biodégradable") qu’elle a commencé, à partir de 1974, à conquérir le monde. On lui doit aussi des produits aussi variés que le terrible Agent Orange, massivement déversé sur le Viêt-nam par l’armée américaine, les PCB (pyralène en France, interdit au début des années 80), l’aspartame ou les hormones de croissance (interdites en Europe et au Canada). Monsanto, avertit Marie-Monique Robin, est l’une des entreprises "les plus controversées de l’ère industrielle".

"Nourriture, santé, espoir" : sur son site, la firme de Saint-Louis promet une agriculture durable, aux rendements supérieurs, respectueuse de l’environnement. Journaliste d’investigation chevronnée, couronnée du Prix Albert-Londres en 1995, la réalisatrice a décidé de juger sur pièce, y compris en explorant le passé de l’entreprise. Sa première étape la mène à Anniston, en Alabama, où 40 % de la population, majoritairement noire, souffre de cancer. En 2002, Monsanto a été condamnée par la justice à lui verser 700 millions de dollars pour avoir dissimulé pendant des décennies la dangerosité des PCB…

Cobayes
Implacablement, d’Anniston jusqu’au Paraguay en passant par l’Inde, la Grande-Bretagne ou le Mexique, Marie-Monique Robin collecte des faits aussi alarmants qu’irréfutables et démonte point par point le discours de Monsanto. Elle démontre que, dans le dossier des OGM, les réglementations américaine et européenne ont été directement influencées, sans validation scientifique valable, par des alliés de la firme placés à des postes-clé au sein d’une administration tout sauf indépendante. Elle expose les stupéfiantes méthodes utilisées par la multinationale pour discréditer ses adversaires, mais aussi intimider les agriculteurs à domicile.

Elle laisse entrevoir enfin la catastrophe en germe dans les visées hégémoniques de Monsanto sur les semences du monde, dont les paysans indiens ou paraguayens subissent aujourd’hui les conséquences. "On ne devrait pas utiliser les citoyens comme des cobayes." Pour avoir exprimé ses inquiétudes à propos des OGM sur un plateau de la BBC, le biologiste Arpad Pusztaï fut licencié du jour au lendemain.

Quelques années plus tard, Le monde selon Monsanto donne une ampleur planétaire à cet avertissement.

L’enjeu et quelques grandes lignes du livre et du documentaire sont présentés dans un article paru aujourd’hui, 11 mars, dans Libération : Monsanto, la semence à scandales.
C’est du temps de Reagan et de Bush père que la guerre anti-biodiversité a commencé, à cause de la volonté des politiques de déréglementer l’industrie, de favoriser les profits et les industriels à tout prix, sans les embêter avec des questions d’innocuité, de sécurité sanitaire et alimentaire. Les politiques – porte-parole des firmes et de leurs intérêts privés - ont imposé leurs points de vue, malgré l’opposition initiale des scientifiques de la FDA (agence américaine de sécurité des aliments et des médicaments). Et la FDA a finit par se taire, elle a failli à sa tâche, n’a pas fait son travail d’information du public et de protection de la sécurité alimentaire et sanitaire.

Une guerre silencieuse se poursuit entre agriculture transgénique et agriculture traditionnelle, puisque l’on sait qu’elles ne peuvent pas coexister pacifiquement, malgré les affirmations poudre aux yeux de Monsanto. Cette guerre détruit des communautés paysannes, qui doivent acheter des semences OGM et payer des royalties pour ce que la nature produit librement, mais que Monsanto a soumis à des brevets, emprisonnant le vivant et le soumettant à la loi du profit maximal. Le vivant piraté, breveté, devient propriété d’une firme dont les intérêts privés sont protégés par des « lois de propriété intellectuelle », exactement comme dans le cas des firmes pharmaceutiques.

Cette guerre anti-écologique apporte la pauvreté et décime la biodiversité. Intervention maximale de l’homme cupide dans le devenir de la nature, qu’il tue en prenant le risque de tuer l’espèce humaine elle-même, compte tenu des informations manquantes sur la toxicité des OGM, leur potentiel contaminant, leurs dangers. Comme il est dit dans le documentaire, « si Monsanto contrôle les semences, il contrôle l’alimentation du monde ».

Et José Bové de souligner, dans le débat après le documentaire, un autre aspect qui montre que tout est fait pour privilégier les intérêts financiers privés, quitte à prendre d’énormes risques pour des collectivités entières. Ce sont les firmes telles Monsanto qui « évaluent » leurs produits et demandent aux autorités de régulation d’approuver leurs évaluations et d’autoriser ces produits OGM sur la seule base de leurs dires... Il n’y a pas d’évaluation indépendante, pas de contre-expertise, aucune transparence. Exactement comme pour l’industrie pharmaceutique !

Monsanto et les autres s’assurent le contrôle sur les instances de décision et de diffusion / vulgarisation en infiltrant les agences de réglementation, au point que, dit Marie-Monique Robin dans l’interview, « la réglementation, c’est eux qui l’ont écrite ». Ils infiltrent les media, les journaux scientifiques, les maisons d’édition. « C’est un système totalisant, parce qu’il contrôle tout ».

Voilà un exemple :

Étiquetage et hormone de croissance
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Monsanto)

En 2003, Monsanto a poursuivi la firme laitière Oakhurst Dairy, implantée dans le Maine, pour avoir étiqueté ses produits de la mention : « la garantie de nos fermiers : pas d’hormone de croissance artificielle ». Selon l'entreprise, cette publicité, en sous-entendant qu'elle présente des dangers pour la santé, serait une entrave commerciale à la rBST (somatotropine bovine recombinée), une hormone de croisance recombinante produite par Monsanto. Un accord a été conclu entre les deux compagnies dont les termes sont restés confidentiels. Si la mention « pas d’hormone de croissance artificielle » continuera d'apparaître sur ses produits, Oakhurst Dairy s'est engagée à ajouter que la Food and Drug Administration affirme que ce lait ne présente pas de différence significative avec le lait produit par des vaches traitées avec des hormones de croissance. 10% du lait vendu aux États-Unis est estampillé « sans rBGH ».

En avril 2007, Monsanto a déposé une plainte auprès de la FDA demandant que soit interdit toute mention stipulant qu'un produit est issu d'une vache non traitée aux hormones de croissance artificielles.

Informez vous
www.stop-monsanto.qsdf.org/raoulmarcjennar.html
www.dailymotion.com/video/x1a9w7_monsanto
www.greenpeace.org/france
http://jacques.testart.free.fr
http://sciencescitoyennes.org
http://www.confederationpaysanne.fr

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